La capitale ivoirienne est en « mode » «grand nettoyage» ces dernières semaines. La raison: les prochaines assises de la Banque Africaine de développement vont se tenir à Abidjan les 27, 28 et 29 mai prochain.

Depuis l’éclatement de la crise, le siège de la BAD a été délocalisé en Tunisie pour des raisons de sécurité. Abidjan, avait donc perdu se privilège. Mais également l’Etat ivoirien avait essuyé de nombreuses censures financières.

Mais depuis la signature en 2007 des accords politiques de Ouaga, réconciliant Guillaume Soro l’ex-chef rebelles (aujourd’hui premier ministre) et Laurent Gbagbo (président depuis 2000), les institutions financières ont progressivement recommencé à insuffler des sous à la Côte d’Ivoire. Le FMI, la Banque Mondiale, L’Union Européenne etc…

Pourtant, il semble que le retour du siège de la BAD sur les bords de la lagune ébrié tienne à cœur au Chef de l’Etat ivoirien. Laurent Gbagbo met donc tout en œuvre pour convaincre l’institution que son pays est désormais sécurisé et que malgré la présence encore bruyante  de la rébellion des Forces Nouvelles, la paix est là. Les élections aussi ne sont pas loin peut-être.

 

Tout se joue donc pour le président ivoirien lors la 45e réunion annuelle de la BAD. Aucunes manifestations violentes ne devraient ternir l’image de la Côte d’Ivoire. Alors Laurent Gbagbo multiplie les rencontres auprès de ses ennemies adversaires politiques.

Alors que le front de l’opposition (ré)uni au sein du RHDP (rassemblement des houphouetistes pour la paix et la démocratie) promettait un 15 mars d’enfer pour « réclamer des dates pour des élections présidentielles (reportées depuis 2005) ». Laurent Gbagbo se rend chez l’ancien chef d’Etat Henri Konan Bédié, président du PDCI RDA. La marche est annulée. L’union sacrée ( ?) de l’opposition manque même de voler en éclats.

Le 17 mai, une semaine après la rencontre avec Henri Konan Bédié, Le chef de l’Etat ivoirien se rend au domicile de Alassane Dramane Ouattara , le président du RDR (Rassemblement des républicains, principal parti d’opposition). Le RHDP est To-ta-le-ment convaincu qu’il faut faire bonne figure et ne pas occasionner un report des assises de la BAD.

 

Entretenir la belle image de la Côte d’Ivoire, c’est aussi (au sens propre du terme) nettoyer toutes les artères envahies d’ordures. C’est ‘‘déboucher’’ la lagune qui dégage des odeurs nauséabondes. De grosses sommes semble t-il, ont été dégagées pour résoudre la question de la lagune ébrié.

Entretenir la beauté d’Abidjan, c’est débarrasser les bordures de routes des commerces qui se sont installés et qui ont fleuri. Les cités universitaires de Cocody vont en faire l’expérience. Tous les magasins (appartenant en général aux étudiants) situés devant les résidences universitaires, sont littéralement balayés à coup de bulldozers.

Au Plateau centre des affaires (comme dans plusieurs communes), les gares de taxis communaux sont nettoyées. Le maire de la commune a d’ailleurs décidé de s’en prendre à un gros morceau. La Sorbonne du Plateau.

C’est un espace dit de libre expression. On y trouve aussi des restaurants à ciel ouvert, mais aussi et surtout des commerces qui se sont spécialisés dans la contrefaçon. Vêtement, appareils éléctromenagers, cd et dvd, médicaments – et autres aphrodisiaques – livres etc…

Pour le maire du Plateau, la Sorbonne n’est pas présentable. Il faut la raser et déguerpir ses habitants.

De leurs côté les Sorbonnards, ont décidé de ne pas se laisser faire et de tenir tête (par tous les moyens) jusqu’au bout. Alors que la date du 29 mai leur a été donnée comme dernier délais pour partir. ( Suivre une discussion sur la question de la sorbonne sur Critic Afric écouter des témoignages d’occupants de l’espace dans la Web Radio d’Avenue225).

 

Tout le monde retient son souffle. Les Assemblées générales annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) se tiendront les 27, 28 et 29 mai 2010 à Cocody-Abidjan. Ce sont 77 pays qui seront représentés par les gouverneurs et leurs suppléants. Mais, il y aura également, les invités de la banque, qui sont les principaux responsables des institutions financières internationales. Ceux-ci devront trouver une Côte d’Ivoire nettoyée de fond en comble. Et le président s’attèlent à enlever les tâches dans la capitale et à camoufler les rides d’Abidjan.