Déplacés d'Abobo : Une chaîne de solidarité à leur secours
Quand sonne l’heure de la guerre, sonne aussi l’heure de la solidarité. Avec les affrontements et le climat de terreur qui ont lieu à Abobo, de nombreuses familles ont quitté cette commune surnommée par certains « Bagdad » à cause de la violence des combats. Pour les plus chanceuses elles ont pu trouver des familles d’accueil dans d’autres quartiers de la capitale. D’autres par contre ne savent pas où aller. Elles ont élu domicile dans des édifices publics ou religieux. Mais voilà. Une initiative vient de naître et déjà, elle fait le buzz pour le plus grand bien de ces déplacés d’un nouveau genre. Ce week end dernier, ils ont reçu la visite d’hommes et de femmes aux cœurs grands et aux mains chargés de nourritures et de vêtements et tout autre nécessaire.
Tout est parti d’une idée. Abdel Kader Dia, jeune entrepreneur ivoirien, devant l'ampleur de la catastrophe humaine qui se déroule à Abobo décide de créér un groupe sur Facebook afin d'associer ses amis et de toucher le plus de personnes possibles. Avec lui d'autres jeunes.
Des messages d’appel à l’aide sont diffusés sur facebook. L’écho se répand de profils en profils, de pages en pages sur le réseau social. A cela, les initiateurs ajoutent le bouche à oreille pour ceux qui sont un peu loin du web. Le virtuel et le réel sont donc mixés pour une large diffusion. Et ça marche ! Les dons arrivent de partout. «Il y a même des gens qui en passant, voyant ce qu'on a déjà collecté, reviennent déposer quelque chose. C'est merveilleux », lance ému un des bénévoles.
Sur un site aux 2-plateaux (quartier de la commune de Cocody) les dons sont recueillis par des bénévoles. Nourritures, vêtements, savons et autres produits hygiéniques, boissons, médicaments. «Nous faisons un dispatching en classant les contributions par nature et ensuite par site d'accueil, en fonction des besoins exprimés ou prévisibles». Les dons sont par la suite acheminés vers des centres d’accueils recensés.
C’est le cas de ce "camp de réfugiés" qui a recueilli les enfants orphelins du "centre Canaan" qui était jusqu’à une date récente à Abobo. «Profitant d'une accalmie, la responsable a quitté Abobo à pieds avec une vingtaine d'enfants. Imaginez ces enfants dans le flot des adultes quittant la commune. Elle était constamment obligée de les appeler par leurs prénoms pour s'assurer qu'aucun ne s'était perdu. Par miracle, ils sont tous sains et saufs», selon les témoignages recueillis.
Ce samedi 5 mars donc, les donateurs sont venus les bras et les voitures chargés. Les initiateurs cachent difficilement leur joie et leur étonnement : «Les contributions du samedi (5 février, ndlr) ont dépassé celles de la semaine précédente et le nombre de bénévoles a été multiplié par trois voire quatre. C'était fabuleux ! », s’exclament-ils avant d’ajouter « ils ont mis leurs voitures à notre disposition sans même demander qu'on y mette du carburant. La générosité des Ivoiriens et des habitants de Côte d’Ivoire ne cessera jamais de nous combler de joie ». Si dans leurs propos ces braves gens parlent « d’habitants de Côte d’Ivoire », c’est bien parce qu’il n’y a pas que les Ivoiriens qui ont contribué. «Nous avons reçu spontanément des paquets d'eau en sachet d'une boutique de quartier tenu par des mauritaniens. Ils se sont sentis concernés quand ils ont su de quoi il s'agissait».
Et pour la suite ?
Les bénévoles disent ne pas avoir d’agenda prédéterminé. «C’est une réaction à un besoin urgent et nous nous sommes sentis concernés. L'idéal serait que chaque habitant de la Côte d'Ivoire se dise qu'il peut se soucier de son prochain, même en temps de paix. Pour faire le bien, nul besoin de cadre formel. Ce sont des rapports d'humain à humain », indiquent t-ils.
Néanmoins pour eux, l’objectif restent les victimes et les déplacés de toute la Côte d’Ivoire. «Vu l'urgence de la situation et la proximité des déplacés d'Abobo », ils ont été les premiers vers qui l’opération a été menée. «Nous travaillons à aller de l'avant et à porter notre action bénévole à tous ceux qui en ont besoin. Nous en profitons pour dire que nous recensons les sites qui accueillent les déplacés alors n'hésitez pas à vous rendre sur la page (facebook) et à nous informer » annonce William Ahoma l’un des organisateurs.
Désormais leur vœu est que cet élan de solidarité soit encore plus fort au cours de cette semaine car «le week-end prochain (12 mars ndlr), nous entamerons la seconde phase de distribution avec un accent particulier sur les consultations médicales et la distribution de médicaments ». L’appel est donc lancé.
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Les contacter :
Abdel Kader Dia au (00225) 07 09 60 36 / William Ahouma au 01 00 55 22
Le lien du groupe:
Infos utiles
http://lnp.sn/ZJz
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