Les acteurs ivoiriens du web créent un syndicat
Le secteur du web en Côte d’Ivoire s’organise de plus en plus. Au point d’en arriver aujourd’hui à la création, le 8 mai dernier, d’un « Syndicat Ivoirien des Producteurs de Contenus en Ligne » (SIPCOL).
Selon la blogueuse ivoirienne Edith Brou, présidente de ce syndicat, il y a tant de revendications légitimes à faire dans le domaine du web en Côte d’Ivoire. Au-delà, c’est aussi donner une couleur plus « glamour et saine » à l’activité du « Syndicalisme ».
Pour Edith Brou, le SIPCOL va permettre à la Côte d'ivoire de connaître « un accroissement des vocations dans les métiers du web et en conséquence, une éclosion de son économie numérique». Interview -
Israël Yoroba – A quels besoins répond la création de ce syndicat ?
Edith Y. Brou - Ce syndicat a été crée pour combler un très grand vide dans les secteurs d'activité et les métiers en Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, il est indéniable que l'Internet a gagné du terrain dans les usages d'une partie des personnes résidant en Côte d'Ivoire. Et avec ce bouleversement, de nouvelles activités, de nouveaux services et métiers en rapport avec le web se sont crées. C'est ce qu'on appelle aussi l'économie numérique. Malheureusement, les travailleurs du web sont encore ignorés, du fait d'une insuffisance d'information des populations et surtout des pouvoirs locaux. De plus, les travailleurs de ce secteur par manque d'une législation, d'un organe de régulation, ne bénéficient pas réellement des retombées de leur travail. Le SIPCOL vient remédier à cet état de fait. Le SIPCOL est l'expression d'une nouvelle corporation basée sur l’économie numérique.
IY - Quels sont les objectifs que vous visez ?
EB- Le premier objectif est de permettre à tous les fournisseurs de contenu web (site, blog, sites jeux videos, sites e-commerce, regies web, web-journalistes, info-graphistes) basés en Côte d'Ivoire, d'avoir un organe officiel qui soit reconnu par l'Etat de Côte d'ivoire, en vue de défendre leurs intérêts et accroître les mécanismes de leur rentabilité.
Ensuite, il faut obtenir une reconnaissance de notre secteur professionnel: le web. Cela suppose de défendre un cadre juridique et réglementaire qui va permette un réel développement économique des métiers du web, et assurer leur pérennité.
Nous avons également pour but de participer activement au renforcement d'un secteur professionnel en pleine évolution, en définissant des principes de fonctionnement communs, ainsi qu'en partageant des expériences et des pratiques très diverses.
Dans notre démarche nous pensons au futur. C’est pourquoi il nous faut développer de nouvelles vocations auprès de la jeunesse. On travaillera enfin à promouvoir un contenu web ivoirien de qualité et en quantité.
IY - Lorsqu'on entend "syndicat" ça résonne "revendication"... pourquoi pas une association, une fédération ou une ONG comme a coutume de le voir à Abidjan ?
EB - Je confirme, à ce stade, nous revendiquons. Et je crois que cela est légitime. En effet, lors de la création, nous avons entendu la même remarque. Mais nous sommes demeurés ferme dans ce choix parce que le terme Syndicat est plus corporatif.
Une association n'a pas autant de poids qu'un syndicat. Une fédération est un ensemble de syndicat et le choix d'une ONG ne correspond pas au but que nous visons. Nous voulons donner une meilleure image au mot ''syndicat'' de par notre regroupement et surtout être reconnus comme un corps de métier. Une simple association ne bénéficiera pas de ce statut. Il faut dépasser les préjugés. Le SIPCOL va sûrement rendre le terme de Syndicat plus sain et plus glamour.
IY - Qu'est ce que cela va apporter ou changer en Côte d'Ivoire ?
EB - Sous l'impulsion du SIPCOL, la Côte d'ivoire va connaître un accroissement des vocations dans les métiers du web et en conséquence, une éclosion de son économie numérique. En plus de l'économie classique (brick-and-mortar), on parlera comme dans les grandes nations, d'économie numérique (click-and-mortar). Enfin, la Côte d'Ivoire aura une meilleure réputation numérique car elle sera appréciée et sollicitée pour la quantité et la qualité de ses contenus web.
IY - Quelles seront les actions à court, moyen et long terme de ce syndicat ?
EB – Il y a un certains nombre de démarches à faire dans l’immédiat. D’abord organiser la sortie officielle du SIPCOL avec une conférence de presse, rencontrer le CSP (Conseil supérieur de la publicité) pour le volet publicité en ligne et régies web, se rapprocher du syndicat des travailleurs de Côte d'Ivoire. Ensuite nous allons organiser des formations et recenser les travailleurs de ce secteur et les associations internet et les institutions... ..et pourquoi pas à long terme, créer une école des Métiers du Web.
IY - Et qui peut adhérer à ce syndicat et que faut-il ?
EB - les éditeurs de sites web, les éditeurs de sites de e-commerce, des éditeurs de Blogs, les développeurs d'applications monétisables, les info-graphistes, les communities manager, les rédacteurs-web, tous ceux et toutes celles qui exercent dans les métiers du web en Côte d'Ivoire. Pour adhérer à ce syndicat, il suffit juste d'envoyer un mail à edithbrou@gmail.com en précisant dans l'objet: Adhésion SIPCOL.
4 Comments
Poster un nouveau commentaire